Évry. Manuel Valls a choisi son fief électoral, une ville dont il a été maire pendant plus de dix ans, pour se déclarer officiellement candidat à l'élection présidentielle 2017. Depuis le renoncement du chef de l'État à briguer un second mandat, il ne faisait plus de doute que l'actuel hôte de Matignon serait candidat. Manuel Valls a par ailleurs indiqué qu'il quitterait ses fonctions de Premier ministre dès demain mardi.
S'il devra passer les haies de la primaire de la Belle Alliance, Manuel Valls regarde désormais vers avril 2017. Il a officiellement confirmé ce lundi soir sa candidature à l'élection présidentielle lors d'un déplacement à Évry. « J'ai appris tellement de mes concitoyens, alors oui, je suis candidat à la présidence de la République », a déclaré Manuel Valls aussitôt applaudi. « J'ai cette force en moi, cette volonté de servir mon pays. »
Manuel Valls a par ailleurs indiqué qu'il quitterait ses fonctions de Premier ministre dès demain. « Je quitterai mes fonctions dès demain car je veux, en pleine liberté, proposer aux Français un chemin ».
Déjà en mode combat
C'est entouré de nombreux élus locaux, de militants, mais aussi de quelques membres de son cabinet à Matignon ainsi que de sa campagne que l'actuel Premier ministre s'est exprimé. C'est dans « [ma] ville » « une ville de cœur attachante », que Manuel Valls a souhaité se déclarer.
« Ma candidature est aussi une révolte à l’idée que la gauche soit disqualifiée de cette présidentielle. Cette révolte, je la fais nôtre » a encore expliqué Valls. En ce sens, la primaire de la gauche est à ses yeux « un formidable moyen pour recréer l'unité ».
Le futur ex-Premier ministre s'est déjà mis en mode candidat. Le hashtag #Valls2017 a fleuri dans les tweets lancés par une équipe de campagne déjà à l'œuvre. Et sans attendre, il a pointé l'adversité.
Jouer collectif ne sera pas aisé
Manuel Valls a dit ne « jamais avoir cédé à la tentation de quitter le collectif ».
Cette annonce ne faisait plus aucun doute depuis la décision de François Hollande de ne pas être candidat à l'élection présidentielle d'avril prochain. Manuel Valls va donc - très certainement après avoir présenté sa démission à François Hollande - se jeter dans la bataille de la primaire de la gauche. Pas une mince affaire face à des candidats tels Arnaud Montebourg et Benoît Hamon qui ne lui feront aucun cadeau. Valls peut compter sur le soutien de plusieurs ténors « hollandais ». « La gauche est belle quand elle rassemble. La France a besoin de la gauche » a pourtant martelé ce lundi soir Manuel Valls.
Mais ses détracteurs sont aussi nombreux au sein même du Parti socialiste. La maire de Lille, Martine Aubry (PS), a déclaré lundi qu'il n'était « pas évident » qu'elle soutienne sa candidature. « Je lui [à Manuel Valls] conseille amicalement d'être sur une position nouvelle de rassemblement », a prévenu Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS. « Nous sommes notre premier adversaire ; ça doit cesser ! » a de son côté rappelé le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux.
En tête dans les sondages
Le Premier ministre Manuel Valls (45%) est la personnalité préférée des sympathisants de gauche pour devenir le candidat du PS à l'élection présidentielle devant Arnaud Montebourg (25%), selon un sondage Ifop paru dimanche dans Le Journal du Dimanche.
Qui ensuite pour le remplacer à Matignon ? Les noms de Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian, Marisol Touraine, Michel Sapin, Najat Vallaud-Belkacem, Stéphane Le Foll circulent.
Après le renoncement du chef de l'État à briguer un second mandat. Pour Manuel Valls, dont les prises de position hostiles aux 35 heures ou à l'ISF (impôt sur la fortune) ne manqueront pas d'être exhumées, la partie sera même « difficile », pronostique Gilles Finchelstein, directeur général de la fondation Jean-Jaurès (proche du PS).
Les dix dates clefs de Manuel Valls Premier ministre
31 mars 2014
Après une lourde défaite de la gauche aux élections municipales, qui préfigure celle des européennes en mai, le chef de l'État remplace à Matignon Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls, jusque-là ministre de l'Intérieur. Les écologistes refusent d'intégrer le nouveau gouvernement. Ségolène Royal y entre, à l'Ecologie justement.
26 août
Crise gouvernementale après les critiques contre la politique économique lancées par Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, qui sont débarqués du gouvernement. Départ également d'Aurélie Filippetti. Le gouvernement Valls II est marqué par l'arrivée à l'Economie d'Emmanuel Macron, proche du monde de la finance, et la promotion de Najat Vallaud-Belkacem à l'Éducation, première femme à ce poste.
27 août
Manuel Valls reçoit une standing ovation des patrons à l'université d'été du Medef, après avoir lancé un « Et moi, j'aime l'entreprise! » rarement exprimé avec autant d'enthousiasme par un dirigeant de la gauche. Il ouvre la voie à des discussions sur le travail du dimanche et une « simplification » du code du travail.
13 janvier 2015
Après les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et Vincennes, Manuel Valls dévoile à l'Assemblée nationale « des mesures exceptionnelles » (renseignement, fichiers, écoutes, etc.) pour mieux détecter de potentiels jihadistes. Longuement ovationné.
17 février
Confronté à la fronde de députés socialistes, Manuel Valls engage la responsabilité de son gouvernement, via l'article 49.3 de la Constitution, pour faire adopter sans vote le tentaculaire projet de loi Macron sur la croissance (statut des professions juridiques, extension du travail du dimanche...). Il recourra à cette procédure à deux autres reprises pour ce texte, définitivement adopté le 10 juillet 2015. « J'ai du carburant » pour continuer à mener des réformes en dépit de cette majorité fragile, assure-t-il.
13 novembre
Attentats de Paris. « Aucune excuse sociale, sociologique et culturelle » ne doit être cherchée au terrorisme, réagit Manuel Valls le 25 novembre. Lui qui avait dénoncé un « apartheid social, territorial et ethnique » en France après les attentats de janvier privilégie cette fois la réponse sécuritaire.
27 janvier 2016
La garde des Sceaux Christiane Taubira démissionne après avoir exprimé son opposition à la réforme constitutionnelle élargissant la déchéance de nationalité voulue par l'exécutif. Le 11 février, gouvernement Valls III motivé par le départ au Conseil constitutionnel de Laurent Fabius, remplacé par Jean-Marc Ayrault aux Affaires étrangères.
17 février
Coup d'envoi au projet de réforme du Code du travail présenté par la ministre du Travail Myriam El Khomri pour améliorer la compétitivité et favoriser l'emploi. Salué par le Medef, il provoque la colère des « frondeurs » socialistes, des syndicats et organisations étudiantes. Après cinq mois de protestation et une dizaine de journées de manifestations, la loi travail est adoptée définitivement après un ultime 49-3, le 20 juillet. Les concessions apportées n'ont rassuré qu'une partie des syndicats et mécontenté le patronat.
14 juillet
La France à nouveau sous le choc d'un attentat de masse. Un camion conduit par un Tunisien radicalisé fonce dans la foule sur la promenade des Anglais, à Nice. Bilan: 86 morts. Hué sur place quatre jours après, Manuel Valls rejette tout manquement de l'État en matière de sécurité.
27 novembre
Un mois après avoir exprimé en petit comité sa « colère » et sa « honte » face au livre-confessions « Un président ne devrait pas dire ça », Valls accentue la pression sur Hollande, en confiant au JDD qu'il n'exclut plus d'être candidat face à lui lors de la primaire PS, en janvier. Le lendemain, après un déjeuner à l'Elysée, changement de ton: Manuel Valls assure qu'il n'y aura pas de « crise institutionnelle » et que les deux têtes de l'exécutif ne peuvent s'affronter dans une même compétition. Après le renoncement de François Hollande le 1er décembre, il décide d'annoncer sa candidature à la présidentielle depuis son fief d'Evry le 5.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire